Tracer les voies du progrès
un examen approfondi de la poussée vers l'entrepreneuriat noir
On a beaucoup parlé du manque d'accès aux ressources, en particulier du manque d'accès au financement des entreprises auquel sont confrontés les entrepreneurs noirs. Cependant, avant même de pouvoir commencer à nous attaquer aux obstacles que les entrepreneurs noirs doivent surmonter, nous devons d'abord mieux comprendre quels sont ces obstacles. C'est pour cette raison que le Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires (CSEN) a été créé. Avec le mandat de recueillir des données sur l'état de l'entrepreneuriat noir au Canada et d'aider à mieux comprendre les expériences vécues par les entrepreneurs noirs, l'équipe de chercheurs de notre centre régional de l'Université de l'Alberta s'est lancée dans la mission d'examiner les recherches existantes sur le sujet. Codirigée par la Dre Philomina Okeke-Ihejirika et la Dre Shirley Anne Tate, avec l’aide d’Oluwagbemiga Oyinlola et de Prateeksha Pathak, candidats de doctorat à l’Université McGill et à l’Université York respectivement, l’équipe régionale du Centre a tenté de mener un examen de la portée de la recherche sur l’entrepreneuriat dans les communautés noires au Canada. Pourtant, qui aurait pensé que l'un des tout premiers défis serait le manque de recherche pour compléter l'examen de la portée ?
Ceux qui connaissent bien le domaine sont bien conscients qu'il y a un manque de recherche sur le sujet et ont longtemps essayé d'attirer l'attention sur cette pénurie. Oluwagbemiga note : « Donc, le but de cet examen de la portée n'est pas seulement d'être académique, mais pour nous de parler, quand vous dites que quelque chose est un problème, comment savons-nous que c'est un problème sans avoir quelque chose à montrer ? »
Défis à relever
Un examen de la portée est un type d'examen de la littérature qui vise à fournir un aperçu de la recherche existante sur un sujet particulier. L'objectif principal d'un examen de la portée est de cartographier la littérature existante, de déterminer les concepts clés et de mieux comprendre l'étendue et la diversité de la recherche sur un sujet particulier. Ainsi, lorsque l'équipe du carrefour de l'Université de l'Alberta a choisi d'entreprendre un examen de la recherche sur l'entrepreneuriat noir, on s'attendait à ce qu'avec la croissance de la population noire au Canada et, par conséquent, de la population d'entrepreneurs noirs, il y ait également un nombre croissant de recherches pour refléter l'augmentation. Ce qui est devenu évident cependant, c'est que même si la population noire augmentait, l'ensemble de la recherche sur l'entrepreneuriat noir ne l'était pas.
Étant donné que la nature unique d'un examen de la portée exige la présence d'un ensemble important de recherches afin que les chercheurs puissent examiner et trouver des thèmes et des différences communs, tenter d'en mener un sur un sujet manquant à la fois de volume de recherche et de portée, a posé un défi formidable aux chercheurs, les obligeant à adopter une approche novatrice pour leur évaluation de la portée. Reconnaissant la nécessité de jeter un large filet, ils ont d'abord élargi la portée de leur recherche au-delà des mots-clés conventionnels liés à l'entrepreneuriat. Dans leur quête d'idées, ils ont sondé des études concernant les entreprises noires, les propriétaires d'entreprise noirs et d'autres expressions synonymes. Malgré cette vaste recherche, leurs enquêtes initiales ont donné lieu à des conclusions décevantes et maigres propres à l'entrepreneuriat noir. Cela a soulevé des questions impérieuses sur l'invisibilité flagrante d'une population qui est indéniablement présente et active dans le paysage des affaires canadien. Prateeksha explique : « Je m'attendais à beaucoup plus d'études parce que nous regardions comment les chiffres augmentent et il y avait au moins 4 fois plus d'augmentation des chiffres de la population noire selon Statistique Canada. J'attendais donc beaucoup et puis quand on a vu les résultats... Nous nous sommes regardés... il n'y avait rien... donc pour nous, c'était comme si nous devions comprendre pourquoi il n'y a rien qui est écrit.
En tant que minorités visibles, les entrepreneurs noirs peuvent être facilement repérés lorsqu'ils naviguent dans la société canadienne. Par conséquent, « l'entrepreneuriat pendant qu'ils sont noirs » aurait dû faire des entrepreneurs noirs une population évidente à sonder pour d'autres recherches. Cependant, ce qui est devenu étonnamment clair par l'exécution de l'examen de la portée, c'est le paradoxe de l'importance des entrepreneurs noirs en tant que minorités visibles, juxtaposé à leur quasi-invisibilité dans le bassin de données disponibles, ce qui en fait une minorité visible mais invisible. Oluwagbemiga souligne : « C'est tellement flagrant, comme en ce qui concerne la situation de l'entrepreneuriat noir et le besoin de plus d'études pour se concentrer sur l'entrepreneuriat noir. Je veux dire, la population augmente, mais nous n'en parlons pas. La population augmente... Nous les faisons taire empiriquement. Et puis, du point de vue des politiques, nous avons besoin d'un accent plus approprié sur le plan culturel sur l'entrepreneuriat noir. Je pense que cet examen de la portée n'est qu'une base de référence vers une fin. »
L'examen de la portée n'a pas pu se poursuivre avec seulement le nombre limité d'études que l'équipe du carrefour de l'Alberta a pu trouver lors de sa recherche initiale. Face à cette pénurie criante de la recherche, l'équipe a dû changer de perspective et élargir son champ d'intérêt. Afin de mieux comprendre le contexte plus large, ils ont choisi de mener une étude comparative qui englobait d'autres populations de minorités visibles. Pourtant, même lorsqu'on le compare au volume d'études examinant les expériences d'autres populations de minorités visibles, la recherche sur l'entrepreneuriat noir est demeurée d'une rareté déconcertante.
La majeure partie de l'attention des universitaires sur les minorités visibles semblait être centrée sur les expériences des entrepreneurs chinois. Par conséquent, une étude comparative a été réalisée, examinant les résultats de recherche relatifs aux minorités d'origine africaine et asiatique. Cette approche novatrice a révélé des renseignements précieux, soulignant les principales distinctions entre les deux populations et jetant les bases d'une compréhension plus nuancée de l'entrepreneuriat des Noirs au Canada.
L'entrepreneuriat pendant qu'on est noir
Bien que l'examen de la portée en soit encore à l'étape de l'organisation de ses résultats préliminaires, certains thèmes clés ont été mis au jour et mettent en lumière les expériences des entrepreneurs noirs et la façon dont ils diffèrent des autres minorités visibles. Jusqu'à présent, ce qui ressort comme frappant évident, c'est qu'il existe un fil conducteur qui lie de nombreux entrepreneurs noirs - un catalyseur partagé pour la poursuite de l'entrepreneuriat. Le chômage, le sous-emploi et la dévaluation des titres de compétences ont été quelques-unes des raisons qui ont poussé beaucoup de gens à se lancer dans l'entrepreneuriat. Un examen de la recherche sur l'entrepreneuriat noir suggère que, pour la communauté noire, la quête de l'autosuffisance n'est peut-être pas seulement un désir de générer de la richesse, mais qu'en réalité, elle est une bouée de sauvetage pour survivre lorsqu'elle est confrontée à des obstacles systémiques dans l'emploi traditionnel.
Bien que la recherche jusqu'à présent suggère que les entrepreneurs noirs tentent d'utiliser l'entrepreneuriat pour rester à flot, elle suggère également que, bien qu'ils soient une population très instruite, les entrepreneurs noirs ont souvent du mal à voir leurs efforts comme des options viables pour une véritable création de richesse. Il se peut alors qu'en raison de ces circonstances, le point de vue des entrepreneurs noirs sur l'entrepreneuriat en tant qu'outil de création d'emplois communautaires et de création de richesse, plutôt que seulement pour le capital de survie, puisse différer grandement de celui des autres minorités visibles. Prateeksha note : « Ils ont été poussés vers l'entrepreneuriat à cause du racisme systématique, de la dévaluation des titres de compétences, ce genre de choses qui nous ont conduits à une conclusion intéressante, qui est que spécifiquement autour de cette population, ils ne se considèrent pas comme des gens capables de générer de la richesse, d'employer plus de gens. Comme, ce n'est pas une vision que vous observeriez dans cette population. C'est surtout parce qu'ils n'ont pas ce capital social, culturel et financier au Canada.
En revanche, un examen de la littérature sur les minorités visibles dans l'entrepreneuriat révèle que la population chinoise cherche souvent l'entrepreneuriat comme un moyen de créer de la richesse générationnelle. Les entreprises familiales et la création d'une richesse générationnelle sont des thèmes clés dans leur parcours entrepreneurial. Ce contraste frappant avec l'entrepreneuriat noir souligne les diverses motivations et voies qui façonnent l'écosystème entrepreneurial à multiples facettes du Canada. Cela signale également la nécessité d'une recherche plus approfondie pour prendre des décisions politiques éclairées qui reflètent plus fidèlement les réalités d'être un entrepreneur noir.
L'expérience de l'immigrant
Avec les efforts du gouvernement du Canada pour accueillir plus d'immigration, ce qui est devenu une étape commune au rêve canadien, c'est le récit du parcours de l'immigrant. Cela s'est également reflété dans les expériences des entrepreneurs noirs qui ont voyagé de leur pays d'origine à la recherche de plus de possibilités au Canada. La recherche suggère que les voies d'accès à l'immigration pourraient également avoir une incidence sur les perspectives des immigrants noirs en matière d'entrepreneuriat. Ceux qui immigrent au Canada en tant que « travailleurs qualifiés » se considèrent comme des travailleurs qualifiés. Ils immigrent au Canada avec la perspective qu'il y a plus de possibilités d'emploi qui s'offrent à eux ici, mais doivent également faire face aux obstacles à l'emploi traditionnel, ce qui les pousse finalement à l'entrepreneuriat comme moyen de survie. Prateeksha note : « Une autre chose qui était assez surprenante pour nous et aussi très intéressante pour nous en tant qu'immigrants, était beaucoup d'accent sur la survie. ' Il n'y avait pas d'emplois, alors nous avons démarré une entreprise... Nous avons eu cette longue conversation avec le docteur Phil... Vous ne quittez pas votre pays et ne venez pas au Canada juste pour survivre... Cependant, l'équipe de l'Alberta Hub suppose que la classification en tant que travailleurs qualifiés peut également avoir une incidence sur leur perception de soi en tant qu'entrepreneurs, créateurs d'emplois et générateurs de richesse.
Prochaines étapes
Malgré les obstacles auxquels sont confrontés les entrepreneurs noirs, tous ne sont pas en difficulté. Il y a ceux qui s'épanouissent aussi dans leurs domaines. Cependant, en raison du manque de recherche sur l'entrepreneuriat noir, beaucoup de ces histoires sont laissées inconnues et cela aussi peut avoir un impact sur la question de savoir si la communauté noire dans son ensemble se considère comme des générateurs de richesse. Prateeksha souligne : « Il y a tout cet aspect de l'effort, sur lequel il faut se concentrer, comme beaucoup de ces efforts ne sont pas seulement pour la survie, ils sont aussi pour prospérer, et c'est quelque chose que les études plus nouvelles et même les nouvelles politiques devraient se concentrer sur. » Par conséquent, d'autres recherches sont nécessaires pour découvrir les triomphes cachés des entrepreneurs noirs, mieux comprendre leurs chemins vers le succès et inspirer ceux qui aspirent à des rêves similaires. Alors que nous attendons la publication complète des conclusions de l'examen de la portée, ces idées préliminaires laissent entrevoir un récit profond et stimulant de l'entrepreneuriat au sein des communautés noires au Canada. Les connaissances tirées de cette recherche mettent en lumière la nécessité urgente d'accroître la sensibilisation, le soutien et la compréhension des défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs noirs en tant que contributeurs à l'économie canadienne. On ne sauriez trop insister sur le rôle essentiel de la poursuite de la recherche, en approfondissant les expériences vécues par les entrepreneurs noirs. Une telle recherche constitue une pierre angulaire cruciale dans les efforts visant à soutenir l'entrepreneuriat noir et à éliminer les obstacles systémiques qui entravent la voie du progrès de la communauté noire.