L’avenir du café appartient-il aux Noirs?
En tant que femme noire dans l’industrie canadienne du café, Nadine Umutoni aide à tracer une nouvelle voie pour les entrepreneurs noirs. La fondatrice de la jeune entreprise de Vancouver Neza Coffee dit qu’elle aurait aimé commencer plus tôt.
« Oui, c’est difficile, mais c’est gratifiant, explique Mme Umutoni. Le café représente une industrie de 6,2 milliards de dollars canadiens au Canada, employant plus de 160 000 personnes et générant des ventes au détail de 1,4 milliard de dollars canadiens. Selon la Coffee Association of Canada, 71 % des gens du Canada prennent une tasse chaque jour. Pour Mme Umutoni et le petit nombre d’entrepreneurs noirs comme elle dans l’industrie, il s’agit d’une excellente occasion. En 2020, 35 % des gens du Canada ont dit qu’ils avaient acheté leur café à leur supermarché local. Il n’est pas étonnant que ce soit là que Mme Umutoni ait jeté son dévolu.
« Le grand rêve est de croître et d’être dans un commerce de détail plus ciblé, comme Whole Foods, par exemple. Il s’agit de produits biologiques, de commerce équitable, et le prix est conforme à ce que nous voulons atteindre », dit-elle. « Plus nous prenons de l’expansion, plus notre impact est grand. Au bout du compte, nous voulons être plus présents dans le secteur de la vente au détail ou même ouvrir un café-restaurant. »
Sa nouvelle entreprise audacieuse vend du café équitable provenant de son pays natal, le Rwanda. Issue d'une longue lignée de caféiculteurs dans sa propre famille, Mme Umutoni dit qu’elle rêve de perpétuer la tradition familiale, mais en portant l'héritage de sa famille à des niveaux dont ils n'auraient pu que rêver. Le café a des racines profondes dans l’histoire des Noirs. Le premier café-restaurant au Canada a ouvert ses portes à Toronto au début des années 1800, mais c’était 300 ans après que le café soit devenu un aliment de base dans les maisons africaines. Le Canada étant le septième importateur de café au monde, le moment est venu de contribuer à remettre les pays africains sur la carte, alors que les entrepreneurs noirs sont à la tête d'une nouvelle vague de propriétaires dans l'industrie en Amérique du Nord. Bientôt, la Carte de l’écosystème de l’entrepreneuriat des communautés noires (CEEN) aidera les gens du Canada à savoir où se trouvent ces propriétaires à l’échelle nationale, ce qui améliorera l’accès à leurs produits et la visibilité de leur marque.
Mme Umutoni fait également partie d’un nombre croissant d’entrepreneurs noirs qui se sont lancés en affaires avec l’intention d’avoir un impact social. Lorsque la Dream Legacy Foundation a mené des consultations communautaires dans le cadre de l’étude qualitative nationale du Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires, elle a constaté que bon nombre d’entre elles ressemblaient à Mme Umutoni, car elle avait été inspirée à démarrer une entreprise dans l’espoir de remédier aux inégalités sociales. Animée par sa passion à contribuer à bâtir un avenir meilleur, Neza Coffee est une jeune entreprise à impact social qui sème l’espoir et alimente le changement. Inspirée par ses grands-mères, qui cultivaient toutes deux du café au Rwanda, Mme Umutoni affirme qu’elle a toujours voulu être entrepreneuse. Survivant du génocide rwandais des années 1990, une partie des profits de l’entreprise sert à fournir un soutien en santé mentale à ceux qui reconstruisent leur vie chez eux.
« Le rêve est d’aider davantage les survivants du génocide au Rwanda », explique-t-elle. « Nous avons attendu si longtemps que notre traumatisme touche la prochaine génération. J’aimerais que nous ayons de l’aide plus tôt, afin que la jeune génération ne grandisse pas avec un traumatisme générationnel à cause de ce que leurs parents ont vécu. »