De l’immigrante à l’entrepreneuse financière: Comment Eduek Brooks donne du pouvoir aux femmes canadiennes

Eduek Brooks, fondatrice de Two Sides of a Dime

En 2018, Eduek Brooks croulait sous plus de 40 000 $ de dettes de consommation. Accablée, mais résolue, elle savait qu’elle devait s’attaquer sérieusement à la gestion de ses finances. Cependant, environ deux semaines après avoir décidé de rembourser la dette, elle a été licenciée de son emploi à temps plein. « C’était le plus grand effort dont j’avais besoin, a-t-elle dit. « Je me suis fait mettre à pied, j’avais 47 000 $ de dettes, je n’avais pas d’économies et, en tant qu’immigrant, je n’avais pas de famille. Je n’avais personne qui pouvait me dire que j’étais un peu fauché et que je pouvais m’écraser sur mon canapé pendant quelques mois jusqu’à ce que j’avance. »  Elle a commencé à documenter son cheminement vers la sortie de la dette sur Instagram, en publiant d’abord de façon anonyme. Cependant, lorsqu’elle a vu à quel point ces messages ont été populaires et combien de femmes ont commencé à raconter des histoires semblables, Eduek dit qu’elle a ouvert les yeux pour voir la nécessité d’avoir plus de femmes comme elle — noires, immigrantes — dans l’espace financier.  Elle a commencé à partager du contenu éducatif, sa passion pour aider les femmes à se sortir de leurs dettes, ce qui a donné lieu à un nombre croissant de conférences et d’ateliers d’éducation financière.


Selon TransUnion, le crédit à la consommation au Canada a atteint un nouveau sommet plus tôt cette année, et les nouveaux arrivants au Canada ont joué un rôle clé. Le nombre d’immigrants qui ont ouvert un compte de crédit pour la première fois a bondi de 46 % de 2022 à 2023, comparativement à seulement 5 % en 2021. Cette masse de nouveaux utilisateurs de crédit — environ 470 000 immigrants au cours de la dernière année — a représenté près de 3,5 milliards de dollars de dettes. Après avoir quitté le Nigéria pour s’installer au Canada pour faire une maîtrise en génie, Eduek n’avait aucune expérience du système financier dans son nouveau pays.


« Même lorsque je suis arrivée au Canada, je sais que je ne comprenais pas comment fonctionnait le système de crédit parce que j’avais un système très axé sur la trésorerie et que je déménageais ici où tout est fondé sur le crédit. » L’expérience d’Eduek n’est pas différente de celle des autres futurs entrepreneurs une fois qu’ils ont immigré au Canada. Grâce au sondage quantitative national, le Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires (CSEN) vise à recueillir ces expériences, dans l’espoir de mieux raconter l’histoire des entrepreneurs noirs et des entrepreneuses noires et de leurs entreprises. Cette nouvelle perspective aidera à mettre en lumière les lacunes du système et à faire progresser l’entrepreneuriat des Noirs tant pour les gens du Canada et les nouveaux arrivants.


Grâce à son expérience personnelle et à ses connaissances financières, Eduek est maintenant éducatrice financière et fondatrice de Two Sides of a Dime, où elle donne aux Canadiennes les moyens de bâtir leur patrimoine. Elle dit que son cheminement vers l’entrepreneuriat n’était pas intentionnel, mais que sa décision d’aider les femmes l’est. Selon Eduek, il ne s’agit pas seulement de dire aux femmes de ne pas acheter leur café du matin pour qu’elles puissent mettre cet argent dans une mise de fonds — le genre de conseils qui ne lui ont jamais semblé logiques. « Compte tenu de la façon dont les finances sont partagées avec les femmes en particulier, j’ai l’impression qu’on infantilise habituellement les femmes lorsqu’on leur dit d’arrêter de magasiner, ou qu’elles sont mauvaises avec l’argent parce qu’elles ne savent pas comment le dépenser, contrairement à la façon dont elles peuvent créer de la richesse et bâtir une entreprise. J’avais l’impression que c’était quelque chose qui manquait. »


Bien qu’elle n’ait jamais imaginé que son voyage du Nigéria au Canada ressemblerait à cela, l’expérience personnelle d’Eduek et ses prouesses budgétaires lui sont très utiles. Lorsqu’elle a quitté son emploi à temps plein pour devenir une entrepreneuse à temps plein, toute sa dette a été remboursée et elle avait huit mois de frais de subsistance dans un fonds d’urgence. Son plan de secours financier étant en place, il ne lui restait qu’une leçon à apprendre. « Apprendre à échouer! C’était l’une des plus grandes craintes que j’avais en tant qu’entrepreneur au début, mais maintenant j’ai appris que je ne peux pas me laisser arrêter. Maintenant, je l’accepte. »

Avec l’arrivée de la période des impôts, Eduek dit que la meilleure amie d’une entrepreneuse noire devrait être sa comptable — une bonne comptable, souligne-t-elle. « Au cours de la dernière période des impôts, j’ai entendu tellement de femmes dire qu’elles venaient d’être vérifiées et qu’elles apprenaient qu’elles devaient 30 000 $ en impôts parce que — surprise, surprise — mon comptable a fait quelque chose », a-t-elle dit. Passez en revue tout ce que fait votre comptable, conseille Eduek, en veillant à ce que ses mesures d’économie d’impôt soient conformes à celles de Revenu Canada. Les impôts ne sont pas son domaine, alors elle suit son conseil et puise autant de connaissances qu’elle le peut auprès de ceux qui en savent plus qu’elle. « Peu importe qui travaille pour vous, personne ne se soucie plus de votre argent que vous », dit-elle. « Vous devez savoir ce que fait votre argent. »

Pour ce qui est de son avenir en tant qu’entrepreneuse, Eduek veut devenir la principale plateforme pour les ressources financières au Canada, mais elle hésite à prendre de l’expansion. « Parfois, je pense à l’échelle et à la gestion des gens, et cela me terrifie! », dit-elle. Entre-temps, elle rêve d’avoir une entreprise où une équipe de formateurs et de coachs en finances aidera les femmes de partout au Canada à se constituer un patrimoine et à atteindre leurs objectifs financiers.

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